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As Good As It Gets

(Présentation de film)

Cynthia HIRESH TAHAN

As good as it gets est une comédie romantique américaine sortie en 1997, pour laquelle les deux acteurs principaux Helen Hunt et Jack Nicholson avaient remporté les oscars de meilleurs acteurs.
Jack Nicholson incarne avec brio le rôle de Melvin Udall, un écrivain aigri qui vit seul dans son appartement à Manhattan et passe son temps à rédiger des romans et jouer du piano.

Dès la première scène, nous assistons à la violence, l’arrogance et le sadisme de Melvin Udall. Il se montre aussi misogyne qu’homophobe. On comprend quelque temps plus tard que ce personnage à la fois troublant et caricatural, souffre de trouble obsessionnel compulsif ; il néglige son traitement et calme son angoisse par des rituels quotidiens. L’un des rituels auquel il semble très attaché est de prendre le déjeuner dans un café du quartier et d’être servi par Carol (Helen Hunt).

Tout commence à changer quand la relation entre Melvin et Carol devient plus intime. Progressivement, en incluant Carol dans sa vie, Melvin consent à suivre son traitement médicamenteux. Plus tard, il omet même de verrouiller la porte, transgressant l'un de ses rituels quotidiens. A la fin du film, il réussit à ne plus marcher sur les lignes qui délimitent les pavés, une action qui lui était autrefois impossible.

L’intérêt du film se trouve dans le fait qu’il illustre d’une manière simplifiée la théorie de Freud sur la souffrance identitaire narcissique. Freud emprunte l’expression à Jung pour expliquer l’état des obsessionnels. Il dit qu’il y a eu une introversion de la libido. La névrose obsessionnelle s’est détachée de la réalité, sans toutefois abandonner complètement les objets comme pour les psychotiques. Selon Freud, dans l’obsession, les objets sont remplacés par des objets imaginaires dans le fantasme du sujet. Donc pour les guérir, il faudrait essayer de remmener la libido aux objets réels. C’est ce à quoi l’on assiste dans ce film. On ne voit pas ce qui a mené Udall à retirer la libido des objets réels, nous ignorons son histoire, à l’exception d’un bref discours dans lequel il décrit un père violent.

Comme le dit Freud, la libido du moi et la libido d’objet travaillent de manière opposée. L’une s’appauvrit au profit de l’autre. C’est pourquoi dans la vie amoureuse, nous remarquons que la libido s’investit plus dans l’objet que dans le moi. C’est le cas de Udall qui n’a accepté la possibilité de « perdre » ses rituels – qui le protégeaient du pire et calmaient son anxiété –, que quand il a commencé à avoir des sentiments amoureux envers Carol.
L’investissement de la pulsion d’objet se fait clairement et progressivement au fur et à mesure que Melvin s’intéresse à Carol.
La fixation au stade sadique anal de la névrose obsessionnelle se résout en parallèle. Bien qu’initialement il avait adopté des comportements de harcèlement et d'homophobie envers son voisin homosexuel, une transformation notable s'est opérée dans son attitude envers lui. Il semble plus disposé à lui apporter de l’aide, comme si « l’autre » pouvait revivre dans son monde sous une forme moins menaçante. Udall moins envahi par la présence des objets autour de lui, montre un comportement plus interactif à la fin du film, révélateur d’un travail psychique interne.

Sans prétendre explorer un sujet psychologique, le film aborde néanmoins l'aspect insupportable et douloureux de la vie de l'obsessionnel, tout en illustrant le passage de l'investissement de la pulsion du moi à l'investissement de l'objet dans la vie amoureuse.
Un film émouvant, fin et burlesque qui traite avec une sensibilité et avec un jeu d’acteurs formidable de cette pathologie parfois mal comprise.


Réalisateur : James L. Brooks
Scénario : Mark Andrus ; James L. Brooks
Avec : Jack Nicholson ; Helen Hunt ; Greg Kinnear
Sortie : 1997.